Pourquoi les majors du BTP ne connaissent pas la crise

Pourquoi les majors du BTP ne connaissent pas la crise

le 6 Mar 2014 dans Monde du BTP | 0 commentaires

Après avoir traversé sans encombre la première crise de 2008, les majors européens du BTP semblent de nouveau peu touchés par la seconde crise qui frappe le secteur de la construction depuis 2012. Comment expliquer ce phénomène et les raisons de la divergence entre les difficultés du secteur et les performances de ces grands groupes ? Quelles sont les clés de leur réussite ? Eléments de réponse avec l’étude du cabinet Mazars.

Une activité qui croît de 9% entre 2011 et 2012 – alors que le secteur du BTP en Europe affiche un repli de 4.5% – un endettement moyen qui chute de 10% ou encore une activité hors Europe qui gagne 6%… Des chiffres qui donnent le vertige, mais qui reflètent la bonne santé des sept majors du BTP, passées au crible de l’étude du cabinet Mazars*.

Auteur d’une précédente étude intitulée « Comment les majors européens du BTP traversent-ils la crise?« , qui révélait leur capacité à se sortir sans tourmente de la crise économique et financière de 2008, le cabinet d’audit réitère en publiant une seconde enquête – tandis qu’une nouvelle crise frappe le BTP depuis 2012 – qui montre que les majors semblent peu sensibles à ses effets. Avant d’en analyser les raisons, voyons leurs performances y ont contribué.

Un net décalage avec la morosité ambiante du secteur
En effet, dans une Europe de la construction plutôt sinistrée suite à la crise des dettes souveraines dans la zone Euro et à des politiques d’austérité dans bon nombre de pays, et dotée d’une activité globalement contractée (-1% en France et en Allemagne ; -26% en Grèce ou -11% en Espagne), les majors poursuivent leur progression. Ainsi, à l’exception de l’autrichien Strabag qui enregistre une baisse de son activité de -5% – en raison de la perte de vitesse de la construction en Europe de l’Est et en Europe Centrale), l’ensemble des autres grands groupes affiche de belles croissances : l’espagnol ACS (+35%), grâce notamment au rachat de l’allemand Hochtief en 2011 ; le suédois Skanska (+13%), grâce à son développement à l’international ; le français Vinci (+5%) progresse aussi grâce à ses acquisitions à l’international, tandis que Bouygues (+3%) s’en sort grâce à son activité construction (+6% en 2012) ; enfin, Eiffage croît de 2%, bénéficiant d’un contexte sectoriel français plutôt préservé grâce à la demande publique.

Globalement, la croissance des majors est principalement portée par leur cœur de métier, la construction, qui inclut les activités Travaux et Immobilier. La première enregistre une hausse de 11% en 2012, tandis que la seconde augmente de 3%, malgré le contexte difficile et la baisse de la construction de logements neufs. De plus, les majors ont réussi à maintenir un niveau de marge opérationnelle plutôt stable et un carnet de commandes résistant, à 14.6 mois à fin 2012 (-0.8 mois par rapport à 2011), note l’étude.

International, expertise et innovation
Alors, quelles sont les recettes gagnantes de ces majors pour continuer de braver les effets de la crise ? D’abord une internationalisation croissante hors d’Europe. Ainsi, la part d’activité moyenne réalisée hors d’Europe bondit de 6 points entre 2011 et 2012, passant de 25 à 31%. En détail, les trois majors français –Vinci, Bouygues et Eiffage – ainsi que Strabag réalisent plus de 80% de leur chiffre d’affaires en Europe. Ils peuvent également compter sur une expertise technique et une forte capacité d’innovation, qui leur permet de répondre aux projets de grande envergure et particulièrement complexes. Ils réussissent, en outre, à dégager un endettement maîtrisé (-10% sur 2012), mais aussi à développer des stratégies de diversification dynamiques.

Par exemple, du côté des majors français, Bouygues possède des activités médias et télécom, tandis que Vinci et Eiffage sont impliqués dans la gestion d’infrastructures. D’autres évolutions sont à prévoir, notamment chez Vinci qui vient de finaliser le rachat de l’opérateur aéroportuaire portugais ANA et qui vient aussi de mettre en vente sa filiale de concession de parking. Eiffage, pour sa part, vise un développement international, notamment en Afrique.

En 2013, l’étude montre que les performances de ces majors perdurent, malgré de fortes intempéries qui ont touché l’Europe au premier trimestre. Si les chiffres d’affaires reflètent cette bonne santé, les niveaux de carnets de commandes records (16 mois d’activité au 30 juin 2013, à +11% vs 2012) ne font que la confirmer.

Méthodologie
Cette étude est fondée sur les documents de référence et présentations des 7 plus importantes sociétés cotées sur les marchés européens du secteur du BTP. Certaines données publiées par ces sociétés ont été ponctuellement retraitées à des fins d’harmonisation ou de lisibilité. En ce qui concerne les informations sectorielles et macroéconomiques, l’étude repose sur les données publiées par la Fédération de l’industrie européenne de la construction (FIEC) et par le réseau Euroconstruct.
Les majors sont : Vinci, Eiffage, Bouygues (France) ; ACS (Espagne) ; Skanska (Suède) ; Strabag (Autriche) ; Balfour Beatty (Royaume-Uni).
Source: BatiActu 2014

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